La colocation du skate punk : à la découverte des Italiens de Flatmates 205

La colocation du skate punk : à la découverte des Italiens de Flatmates 205

Le groupe italien Flatmates 205 (pop punk/Turin)

C’est l’histoire d’une rencontre. Celle d’un voisin de tente italien avec qui l’on a sympathisé lors du Punk Rock Holiday 2019, et d’un échange de profils Facebook en fin de semaine. Quelques mois plus tard, celle de contacts renoués pour parler musique, et faire la promo de son groupe. Puis, plusieurs années passent, et l’histoire se prolonge lorsque notre ami transalpin tente d’organiser une tournée française et qu’un coup de pouce serait le bienvenu afin de trouver une date à Marseille.

S’en suivront des envois de contacts de lieux et d’orgas, des recherches infructueuses et autres péripéties longues à raconter mais nous y voilà : le groupe turinois Flatmates 205 a réussi à caler un week-end sur les routes du Sud de la France. Et pour célébrer ça, je vous propose d’en connaître davantage avec Ian, chanteur-guitariste et principal protagoniste de cette histoire.

Tout d’abord, peux-tu nous parler des origines du groupe : qui es-tu (et qui êtes-vous), d’où venez-vous, depuis quand le groupe existe, quel genre de musique faites-vous, etc.

Salut ! Je suis Ian de Flatmates 205 ! Nous sommes un groupe pop punk venant de Turin en Italie, et nous avons débuté fin 2015, puis joué notre premier concert en janvier 2016. Nous avons sorti deux EPs, Leave it All en 2018 et Shelbyville en 2020, et finalement en avril dernier (avril 2023) nous avons sorti notre premier LP, Pacific Ways !

Pourquoi avoir choisi ce nom pour votre groupe ? Tout particulièrement, quelle est la signification du numéro (est-ce une allusion à Blink-182) ?

Ce nom, Flatmates 205, est apparu au tout début du groupe. J’avais balancé que nous étions comme des « colocataires du studio de répétition ». Le numéro ajoute un côté marrant et fait référence à ce qu’on pourrait qualifier de « culture » autour de Blink-182 et Sum 41. À l’époque, mon ancien guitariste et co-fondateur m’avait répondu « OK pour Flatmates, mais avec quel numéro ? », comme si c’était quelque chose de logique d’y ajouter un numéro ! Du coup, nous avons choisi le 205 car c’est le numéro du bâtiment où se trouve le studio de répétition dans lequel nous avons toujours joué durant ces huit années !

Peux-tu nous parler de vos influences musicales… J’imagine que vous êtes influencés par des groupes pop punk comme Blink-182 ou Green Day, mais peux-tu me donner d’autres artistes ou styles musicaux qui ont pu déteindre sur votre son ?

À la base, nos influences musicales sont clairement celles de groupe comme Green Day ou Blink-182, deux groupes que nous adorons. Mais il y a aussi d’autres influences qui peuvent être trouvées, que ce soient dans les quelques riffs plus énervés rappelant Sum 41 ou dans les rythmes de batterie façon skate punk à la Lagwagon, dans la recherche de mélodies inspirées par No Use for a Name, The Ataris, Allister, The All-American Rejects ou encore dans les sonorités tirées de la scène rock alternatif de Weezer, Jimmy Eat World et Mayday Parade.

Vous avez fait le choix de chanter aussi bien en anglais qu’en italien : pourquoi ? Quelles sont les choses qui vous font écrire en anglais, ou à l’inverse en italien ?

L’idée d’écrire un album avec l’usage à la fois de l’italien et de l’anglais nous est venue car nous aimons jouer avec les langues et leurs sonorités, et c’est peut-être aussi sous l’influence de ma situation personnelle qui fait que je parle quotidiennement les deux langues, ayant une petite amie anglaise. Dans tous les cas, cela allait sonner comme un trait caractéristique du groupe, du coup nous avons décidé d’essayer comme ça. Il semble que nous ayons réussi à en faire un petit signe distinctif, donc nous sommes vraiment heureux de l’avoir fait !

Parlons désormais de votre nouvel album, Pacific Ways. Que peux-tu nous dire sur celui-ci ? À propos de l’enregistrement, des inspirations, des thématiques évoquées dans les textes, de son titre, etc.

Pacific Ways est un album pour lequel nous avons travaillé les démos pendant deux ans, cela a été un voyage difficile mais qui en valait la peine. Nous l’avons enregistré dans un studio professionnel appartenant à un ami, et il est sorti le 7 avril 2023. Il y a un concept qui tourne autour du titre, puisqu’il s’agit de la métaphore d’un voyage sur l’océan du même nom. Cela parle de l’épisode historique de la mutinerie du Bounty, qui a eu lieu entre Tahiti et les îles Pitcairn. « Pacifique » signifie aussi la recherche d’un sentiment de tranquillité d’esprit durant le voyage de notre existence, commençant par les souvenirs de nos débuts dans la chanson Quelli del Drosso (Drosso étant le nom du quartier d’origine du groupe), ou encore la recherche d’une attitude pacifique et positive dans le morceau Mirrors. C’est censé être un voyage à travers toutes ces années, qui maintenant commencent à être nombreuses (8 ans en tant que groupe), mais un voyage qui cherchera toujours à explorer de nouvelles routes dans le futur, en traversant les tempêtes de la vie mais en étant plus que jamais à la recherche d’un sentiment de paix facilement atteignable !

Tout comme les deux premiers EPs, cet album est dans une veine pop punk. Mais on y trouve aussi un morceau au ukulélé, ainsi qu’un titre acoustique. Était-ce prévu d’avoir un son un peu plus varié sur ce LP ou est-ce juste une coïncidence ?

L’idée pour cet album était de continuer avec un son pop punk, parce qu’il s’agit de nos racines, et aussi parce que cette scène que nous aimons tant est devenue un membre de notre famille. Mais l’idée était aussi de saisir cette chance d’essayer d’explorer de nouveaux horizons dans l’océan des sons. Du coup, nous sommes heureux d’y avoir laissé cette empreinte : ça reste fidèle au style pop punk/punk rock, mais il y a aussi quelques mélanges. Pour Gli Ammutinati del Bounty nous avons utilisé du ukulélé, parce que nous voulions que les expérimentations sonores « matchent » parfaitement avec l’intrigue des paroles, qui se déroule en Polynésie. Ainsi, on a ce double résultat : le début au ukulélé est suivi par une seconde partie de chanson purement skate punk, du coup voici du « punk polynésien » ! Haha.

Aussi, le dernier titre (Ultimo Pezzo) est en acoustique, et c’est exactement la façon dont nous voulions conclure l’album, en proposant aux auditeur.rice.s de finir ce voyage sonore sur une chanson acoustique avec fondu de fermeture. Je pense que, globalement, ces nouvelles influences ont été apportées par les nouveaux musiciens, comme notre bassiste qui écoute beaucoup de rock alternatif, tandis que notre batteur a un background métal extrême : c’est cool d’avoir la possibilité d’inclure de la double pédale sur un morceau punk rock !

D’ordinaire, comment procédez-vous pour écrire une chanson, que ce soit au niveau de la musique comme des paroles ?

Pour écrire une chanson, ça commence généralement par lâcher la musique. Ça peut venir d’une démo structurée, ça peut être trouvée à partir d’une guitare acoustique dans sa chambre ou même d’une ligne vocale enregistrée au beau milieu du trafic routier (en parlant des influences…). Puis de manière générale les paroles essaient de suivre les sensations que la musique nous inspire, et ensuite tout ça se poursuit lors des répétitions pour voir comment ça se met en œuvre, avant d’en faire les démos. Le travail d’équipe est aussi nécessaire et nous nous en servons : en gros, j’ai écrit la moitié des chansons (mélodie et paroles) et réciproquement, mon bassiste en a écrit l’autre moitié. Voyons voir si tu peux ranger et identifier ces deux sous-groupes !

Maintenant parlons tournée : combien de concerts avez-vous faits ? Quels sont les plus gros groupes avec qui vous avez partagé la scène (j’ai lu par exemple que vous aviez joué avec The Lillingtons) ? Quelles sont les plus grosses salles ou les plus gros festivals dans lesquels vous avez joué ? Enfin, peux-tu nous dire quels sont tes meilleurs et tes pires souvenirs de tournée ?

Les deux prochaines dates à Montpellier et Marseille seront nos 83e et 84e concerts, ainsi nous arriverons à la seizième date de notre tournée Pacific Ways ! C’est quelque chose qui nous donne satisfaction, sachant combien de sacrifices nous avons dû faire et nous faisons encore : rien ne vient sans effort. Ainsi, nous profitons de chaque concert avec beaucoup d’appétit et de bonheur ! Durant ces années nous avons franchi des étapes importantes, comme ouvrir pour les Lillingtons en 2018, pas très loin de Turin (fun fact : le jour d’après, je les ai vus en payant mon ticket au Bay Fest, l’équivalent italien du Punk Rock Holiday), ou pour quelques groupes italiens historiques, comme les ex-Peter Punk ou les ex-PornoRiviste.

Quelques belles salles ont été faites aussi, comme le Legend Club à Milan où par le passé j’avais vu State Champs et As It Is ! Mais ce que nous aimons, c’est la vision globale de tout ça : passer un bon moment, jouer parfois sur des scènes plus grandes, puis le week-end d’après être prêts pour un concert autoproduit. Dans tous les cas, toujours tout donner sur scène, que ce soit devant 150 personnes comme devant 15 !

Vous vous apprêtez à réaliser deux dates en France en octobre. Peux-tu nous en dire plus : est-ce qu’il s’agit de votre première tournée à l’étranger ? Comment vous y êtes-vous pris pour la réaliser ?

Ce week-end français du 7 et 8 octobre sera celui de nos tout premiers concerts à l’étranger ! Nous sommes vraiment excités à cette idée, et je dois dire que jouer notre album-concept « maritime » dans deux villes en bord de mer (ce qui d’ailleurs, même en Italie, ne nous est jamais arrivé !), on ne pouvait pas rêver mieux ! Il y a aussi mon côté « romantique » qui m’a incité à pousser pour ces deux villes : il y a 9 ans, je suis allé en vacances à Barcelone en car, et j’ai traversé le Sud de la France. Je me souviens du lever du soleil à 6h du matin lors d’une halte à Marseille, et je me disais alors qu’un jour j’aimerais la visiter. Du coup, cette chance qui m’a été donnée par ma musique est un sentiment inexplicable. De plus, mon batteur a des origines occitanes et les gens de Turin ont quelques influences françaises dans la culture ou la gastronomie, donc nous sommes connectés à la France. Nous aimerons ces deux villes ! Rien ne vient sans effort et je dois remercier le KJBI et Les 9 Salopards où nous jouerons, et je dois te remercier Rémi de nous avoir beaucoup aidés ! Si tu lis ça, tu te souviendras exactement de tous les détails et de tous les efforts consentis et pourquoi je te dis merci ! Haha.

Que penses-tu de l’histoire et de l’évolution de ton groupe jusqu’à présent ? Si tu avais quelque chose à changer, qu’est-ce que ce serait ? En outre, comment vois-tu le futur de ta formation ?

Le groupe, durant ses 8 années d’existence, a vu des évolutions (et même des révolutions) et des changements. Je suis le seul membre présent depuis le début, les précédents musiciens ayant décidé de prendre de nouveaux chemins, et la formation actuelle est exactement la même depuis presque 4 ans. Je peux aussi dire que notre développement est de plus en plus professionnel. Peut-être qu’à nos débuts nous étions plutôt naïfs au niveau de la production et de la façon de chercher des dates. Donc s’il y a quelque chose que j’aurais aimé changer, rétrospectivement, se serait la production du premier EP, enregistré entièrement en une seule prise avec tous les instruments. De surcroit, il a été mis sur CD vierge haha… Ça semble quelque chose d’assez folklorique en y repensant, mais c’est évident que l’on aurait pu mieux faire. Il y a également eu quelques dates et opportunités ratées, même si l’approche qui consiste à prendre tout ce qui vient est aussi une bonne approche quand tu démarres !

Comment je vois le futur de ce groupe ? À Marseille et Montpellier déjà haha… Plus sérieusement, j’espère que ce premier week-end à l’étranger sera suivi par d’autres dates dans le futur. Chanter en anglais, ça nous donne aussi l’envie de regarder en dehors d’Italie ! À propos de nos futures productions : pour ces premiers mois de Pacific Ways nous profitons de cet accomplissement, mais cette soif de nouveauté musicale fera toujours partie de notre voyage et de notre état d’esprit !

Pour finir, il y a quelque chose que tu voudrais ajouter ?

En conclusion, merci beaucoup pour cette interview, ça a été incroyable de la faire ! Pour nos ami.e.s français.e.s qui liront ceci, je veux leur dire « à bientôt dans le Sud de la France » !

Flatmates 205 en tournée en France pour le Pacific Ways Tour

Samedi 07 octobre 2023, Le Crès (Montpellier)Le KJBI (+ Micenbiere + Lanisteric)

Dimanche 08 octobre 2023, MarseilleLes 9 Salopards (set acoustique)

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