Mon top albums 2020
Je sais très bien ce que vous vous dites à la lecteur de ce titre : « – Eh dis donc, il serait pas un peu en train de se foutre de notre gueule là ? Un top albums 2020 qui sort en novembre 2021… Et pourquoi pas en 2037 tant qu’on y est ! » Écoutez, je ne peux décemment pas vous donner tort.
C’est-à-dire qu’entre la flemme et d’autres projets/préoccupations plus ou moins important-e-s, il a fallu que je trouve un peu de temps pour tout rédiger. Voilà qui est fait. Bref, je ne vais pas m’étaler plus longtemps et je vous présente un peu les nouvelles sorties que j’ai appréciées pour l’année 2020.
Revolution Spring, The Suicide Machines
Mythique formation ska punk originaire de Détroit, The Suicide Machines signe avec ce Revolution Spring son retour sur le devant de la scène. Fondé en 1991, le combo s’était séparé en 2006 après avoir assuré la tournée de son dernier album en date, sorti un an plus tôt. Suivra une reformation après 3 années de hiatus et une reprise sporadique de la scène.
Alternant toujours aussi efficacement le punk mélodique le plus classique au ska punk énergique et enragé, Jason Navarro – chanteur et seul rescapé du line up initial – et sa bande enchainent les morceaux sans fausse note ni temps mort. Il n’y a clairement rien à jeter dans cet album, et deux morceaux pour moi ressortent même clairement du lot.
Tout d’abord, l’excellente chanson d’ouverture Bully in Blue qui offre une entrée en matière explosive. Un riff accrocheur, une basse qui swingue, un chant clair pêchu et qui invite aux singalongs, le tout pour un peu plus de deux minutes de son temps bien utilisées. L’autre perle est le brûlot ska punk To Play Caesar (Is to Be Stabbed to Death). Il reprend certes les gimmicks du genre, mais il les bonifie clairement en offrant avant tout de quoi avoir envie d’envoyer les pieds et de rentrer dans son voisin pour enclencher un pogo incontrôlable.
Après plus de deux décennies (et bientôt trois) à écumer les scènes du monde entier, The Suicide Machines démontre dans ce 7e opus qu’il a (toujours) la formule qui marche. Même si je connaissais déjà le groupe, c’est vraiment cet album qui m’a fait plonger dedans, m’incitant à revenir avec un peu plus de vigueur sur leur discographie passée.
Oppositional Defiance, The Raging Nathans
Encore un groupe du midwest. Débarquant tout droit de Dayton dans l’Ohio, The Raging Nathans ne fait pas vraiment dans la dentelle, et son album de 2020 Oppositional Defiance est là pour en témoigner.
Formation prolifique en singles, EPs et splits en tout genre, il s’agit ici de son 3e album. Si vous êtes fans des riffs simplistes de Teenage Bottlerocket, des morceaux les plus rapides de Rancid et des soli de guitare incessants, tout ceci est fait pour vous. Ce n’est pas ce qui se fait de plus original, mais ça fait assurément le taf.
Après une intro façon « zapping », les hostilités sont lancées et on dévale à 180 km/h sur l’autoroute des 3 accords en power chord pendant un tout petit moins d’une demi-heure. Ca s’écoute d’une traite en secouant la tête, on a parfois du mal à distinguer les morceaux entre eux, mais perso c’est tout à fait ma came.
Je terminerai en mettant en avant le morceau Parole Violation, qui est celui qui sonne comme le plus hardcore de l’album. On y trouve un chant davantage vindicatif et braillé, un solo déstructuré à la crossover thrash, et un refrain pourtant simpliste au possible mais très efficace. Pour moi, il ressort un peu du reste de l’album, qui est très homogène.
A Truth We Still Believe, Ecostrike
« Vegan Straight Edge Hardcore from South Florida » comme l’annonce sobrement leur page Bandcamp. Je pense qu’on ne pourra pas faire meilleur résumé pour décrire cette formation, et j’aime à croire que les fans du genre visualiseront tout de suite le type de groupe à qui on a affaire. Pour ma part, les premiers qui me viennent en tête pour la comparaison sont Champion (de Seattle) dans « l’ancien » ou Spirits (de Boston) dans le récent.
Ecostrike donc et son album ne contenant même pas 10 pistes, le bien nommé A Truth We Still Believe, nous proposent un hardcore rentre-dedans que j’imagine forcément biberonné au youth crew d’antan, ce sous-genre aux textes optimistes et mettant en avant les valeurs morales qui guident leurs auteurs.
Encore une fois, rien de bien original, mais c’est diablement bien foutu. Je ne peux m’empêcher d’avoir une affection toute particulière pour les breaks placés systématiquement ou presque en seconde moitié de morceau et qui font à chaque fois des ravages. Avec Ecostrike, nul doute que l’on va passer un bon moment en live après avoir gesticulé à l’écoute de son disque.
By Thunder And Lightning, Verbal Razors
Premier cocorico de ce top. Venant tout droit de la cité tourangelle, Verbal Razors n’a je pense rien à envier à certaines références actuelles de la scène thrash/crossover. J’avais déjà bien aimé leur album Misleading Innocence sorti en 2016, et ce By Thunder And Lightning n’a pas grand chose à lui envier.
Groupe formé en 2009 et sortant là son 3e album, Verbal Razors a eu le temps de perfectionner ses sonorités afin de nous proposer quelque chose de très carré. C’est une véritable avalanche, que dis-je une véritable explosion de gros son que l’on prend en pleine figure, avec des riffs typiques du thrash metal qui décoinceront même les plus retors.
Encore une fois, ce n’est pas ce qui se fait de plus original mais je trouve que ça se distingue quand même de la masse de groupes du même acabit en proposant quelques riffs complètement maboules. Le seul point faible, je dirais qu’il se trouve au niveau du chant. En effet, je le trouve un peu trop monotone et en retrait par rapport aux standards habituels, il est vrai quelque fois chamboulés par l’extravagance de certains vocalistes (coucou Gama Bomb).
Still Burning, Wake The Dead
C’est Marseille bébé. Formé dans la magnifique cité phocéenne en 2010, Wake the Dead est un pilier de la scène hardcore locale, mouvante mais trop sous-cotée à mon goût (moi avoir un parti pris ? Mmh oui et non…).
Après quelques changements de line up, ils reviennent avec Still Burning, disque de 8 titres pour un peu moins de 20 minutes. Est-on déjà dans le format album ou sommes-nous toujours dans le format EP ? Quoi qu’il en soit, les local legends donnent dans un hardcore mélodique à la Defeater ou Have Heart. Le chant est sans cesse braillé, les mélodies s’entrechoquent avec les passages beatdown et les morceaux ont chacun une personnalité qui leur est propre.
De mémoire, leurs précédentes productions ne m’avaient pas spécialement marqué, mais j’ai bien accroché à celui-ci.
Tout ça devrait évidemment prendre encore plus de sens en concert, ce qui risque inévitablement d’arriver en arpentant les salles du coin.
The Sky Can Fall On Us/Still The Worst, Dirty Fonzy
Quasiment 20 ans désormais que les Dirty Fonzy imposent le respect dans la scène punk rock hexagonale. Originaires d’Albi, ils nous prouvent une fois de plus qu’il faudra compter sur eux pour mettre l’ambiance, jouer vite et fort (même s’ils ne tournent plus assez souvent ces derniers temps, il faut bien le dire).
En 2020, ils nous sont revenus plus en forme que jamais avec The Sky Can Fall On Us, un album de 10 titres accompagné de Still The Worst, EP de 7 titres. Deux disques pour le prix d’un, comme pour mieux marquer le coup. Ce que je peux dire, c’est qu’ils ont décidé de faire efficace. Il n’est plus question des influences folk, reggae/ska ou rock « traditionnel » que l’on retrouvait sur les précédentes sorties. Ici, on a affaire à un punk plus commun, où les influences de Rancid ou des Ramones se font le plus sentir.
Évidemment, il ne s’agit pas d’une nouveauté pour la formation Tarnaise, mais disons que leur dernière fournée s’est recentrée davantage sur leur base. Je peux ajouter que quelques morceaux reprennent la recette d’un punk hardcore sauvage, pour accélérer toujours plus le tempo.
Si Dirty Fonzy a fonctionné durant des années sur un chant partagé entre leurs deux guitaristes, leur bassiste officiant dans le groupe depuis 2014 est venu s’ajouter à la liste des vocalistes (et avec un timbre qui diffère davantage de celui de ses deux compères). Je trouve que cela donne une alternance intéressante entre les morceaux, conférant à chacun un caractère qui lui est propre.
Bref, un double-album sympathique, fidèle à leur réputation. De quoi espérer les revoir en concert très bientôt ?
Punishment Park, Big Cheese
Du mal à me dire que ce groupe est Anglais, et que cet album date de 2020. Big Cheese s’est ainsi formé en 2016 à Leeds et leur seul album à ce jour, Punishment Park, est bien sorti au XXIe siècle.
Pour être honnête, ça sonne tellement comme un groupe New-yorkais de la fin des années 80-début des années 90 qu’on pourrait s’étonner de la provenance et de la date de ce disque. En effet, il est difficile de ne pas sentir les grosses influences des groupes qui ont forgé le son metal hardcore/crossover thrash de l’époque : je pense notamment à Leeway, Crumbsuckers, Cro-Mags ou encore Agnostic Front. D’ailleurs, le morceau IFMB a un riff qui fait tellement penser au Just Look Around de Sick of it All que j’ai du mal à y voir autre chose qu’un clin d’œil évident.
Avec ces 9 morceaux pour à peine plus de 19 minutes de durée totale, on se retrouve plongés dans les riffs agressifs et groovy, le chant écorché et la basse vrombissante comme au bon vieux temps d’un Sunday matinee de l’emblématique CBGB. Même la prod’ de l’album, si elle est meilleure que certains des albums sortis à l’époque sacrée du hardcore New-yorkais, me semble avoir gardé le son assez froid de cette période.
Je terminerai en sortant un peu du champ de la comparaison : Punishment Park est un album vraiment cool, avec des gros riffs qui font mal aux gencives et des compos bien foutues. C’est court et ça donne envie d’attendre la suite avec impatience.
Silver Linings, Less Than Jake
Un autre gros nom du ska punk sur le retour. Pratiquement 30 ans de carrière pour les Floridiens et les voilà qu’ils sortent Silver Linings, leur 9e album studio et le premier en 7 ans. Less Than Jake, c’est le savant dosage du punk mélo et des rythmes saccadés du ska, l’alternance des voix entre Roger Lima et Chris DeMakes, le tout saupoudré de cuivres qui savent tout à la fois se rendre discrets et indispensables aux morceaux.
Bref, une recette qui marche et qui continuera de marcher tant qu’ils prendront la peine de sortir des skeuds de cette qualité. Lie to Me, LE morceau phare de cette galette, est l’exemple même de la formule gagnante de la formation de Gainesville.
Et pendant ce temps, un 3e groupe emblématique du genre sortait son album cette année. Mais si, souvenez-vous de Goldfinger : Never Look Back est le nom de leur dernier album en date, et je ne peux pas dire que ça soit une réussite. Beaucoup trop produit, un son bien trop pop et des compos sans grand relief, bref pas de quoi former un trio gagnant aux côtés des Suicide Machines et de Less Than Jake.
Hi Speed Skate, A Few Good Losers
Jolie petite découverte que m’a offert cet excellent thread Twitter. A Few Good Losers débarquent d’Atlanta et annoncent la couleur d’emblée. En dénommant ainsi son premier album Hi Speed Skate, on sait directement ce que l’on va pouvoir se glisser au creux de l’oreille.
Effectivement, on retrouve là la recette d’un skate punk guère original mais terriblement efficace. On se délecte de tous les gimmicks qui ont fait la réputation du genre : les intros, les riffs ultra-rapides et en palm mute, la façon de chanter, etc. Impossible de ne pas penser à NOFX, Lagwagon ou aux premiers albums de Propagandhi à l’écoute de ces 11 titres péchus.
Ah si, un petit point d’originalité tout de même : le fait qu’ils ne viennent pas de Californie (OK, c’est réducteur pour un style qui a germé partout sur le globe).
Sleep Deprivation, Mortality Rate
J’en avais déjà parlé dans mon top Spotify 2020, mais Mortality Rate nous vient de Calgary et donne dans un hardcore métallique au chant d’écorchée vive. Sleep Deprivation ne va effectivement pas vous aider à retrouver le sommeil : ça joue vite et fort, ça blaste à tout va et ça n’offre que très peu de répit. Bon, je dois bien avouer que c’est particulièrement agressif, voire éprouvant, mais que ça défoule bien pour peu que l’on soit amateur du genre. Je dirais qu’on est quelque part entre Walls of Jericho et Slapshot.
Il y a quand même quelques riffs particulièrement bondissants et chaotiques qui donnent envie de distribuer des mandales à quelqu’un qui vous aurait un peu trop mal parlé.
Maintenant que je vous ai décrit un peu ce que j’ai aimé écouter cette année, on n’a qu’à se dire que je vais faire en sorte de publier mon futur top albums 2021 dans des délais convenables. Deal ?
Laisser un commentaire