Ô Canada ! Tour d’horizon des groupes canadiens qui me parlent
Suite à mon voyage au Canada l’été dernier, j’ai eu envie de faire un lien entre ce pays et la musique, à travers des groupes/artistes que j’apprécie ou qui m’évoquent des souvenirs.
Il y a beaucoup d’artistes canadien·ne·s que l’on connaît, parfois sans forcément savoir qu’iels sont originaires de là-bas, que ce soient les francophones (Céline Dion, Cœur de Pirate, Garou, Les Cowboys fringants, Roch Voisine, etc.) comme les anglophones (Shania Twain, Leonard Cohen, Drake, The Weeknd, Avril Lavigne, Sum 41, Neil Young, Nelly Furtado, etc.). Ici, il sera forcément question de noms beaucoup moins connus du grand public, mais qui sont pour certains de véritables références dans leur genre.
Embarquez avec moi pour ce petit tour d’horizon, et nul besoin de passeport ou d’AVE.
Comeback Kid
Punk hardcore/hardcore mélodique, Winnipeg (Manitoba)
Il était évident pour moi d’ouvrir sur eux. Combo hardcore de réputation internationale, Comeback Kid existe depuis 2001 et enchaîne dès lors albums au succès critique indéniable et tournées d’envergure. Car CBK est avant tout un groupe de scène, où il excelle grâce à une setlist absolument imparable et la prestance remarquable de son frontman.
Cela fait très longtemps que je suis la carrière de la formation, au moins depuis leur deuxième (et légendaire) album Wake the Dead, d’où est tiré le morceau éponyme concluant chacun de leurs concerts dans un bordel rarement égalé. Pour l’archi-majorité des fans, il s’agit de leur meilleur disque à ce jour, et de la chanson la plus connue et la plus représentative de leur répertoire.
Emmenés depuis leurs débuts par le guitariste Jeremy Hiebert et l’ex-guitariste Andrew Neufeld passé au chant justement après la sortie de Wake the Dead, les Canadiens comptent à date 7 albums studio à leur actif et une liste longue comme le bras de morceaux à l’efficacité redoutable en toutes circonstances.
Ils ont le chic pour créer des compos qui oscillent entre puissance et mélodie, avec des refrains souvent fédérateurs et des mosh parts endiablées.
Leur dernier album Heavy Steps est sorti en 2022 et, comme ses prédécesseurs, ne fait pas dans la dentelle.
Comeback Kid aura aussi permis de placer Winnipeg sur une carte. Capitale du Manitoba, ville la plus peuplée de la province et septième ville en nombre d’habitants du pays elle a, on va le voir plus tard, tant d’autres talents à proposer.
Les Trois Accords
Pop rock/chanson québécoise, Drummondville (Québec)
Seul groupe 100% francophone de l’article. Il a eu une petite notoriété par chez nous au début des années 2000 avec Hawaiienne, titre au son pop punk très fidèle au nom Les Trois Accords finalement. Avec un lineup pratiquement intact depuis sa création à la fin des années 90 – seul le second chanteur a quitté l’aventure – ils enchainent toujours les sorties et les tournées canadiennes comme européennes.
La musique du combo est orientée vers le pop rock et ses dérivés, avec des textes particulièrement prépondérants. Ceux-ci sont quasi-systématiquement truffés d’humour absurde, ils évoquent des sujets légers mais aussi des thématiques beaucoup plus sérieuses avec une écriture de qualité.
Personnellement, mon album préféré s’intitule Dans Mon Corps et date de 2009. On y retrouve de très jolies chansons comme le titre éponyme ou Le Bureau du Médecin, ballade au ton mélancolique saisissant et au chant de fausset qui remue.
Une formation qui se défend en plus très bien en concert avec l’assurance de passer un moment agréable et presque intimiste.
SNFU
Skate punk/hardcore mélodique, Edmonton (Alberta)/Vancouver (Colombie-Britannique)
J’en ai déjà beaucoup dit sur cette formation, son histoire et la vie tourmentée de son ex-leader. Mais ça fait une bonne occasion d’écouter à nouveau Painful Reminder, fabuleux morceau dont je ne me lasserai jamais je pense.
Leurs trois albums sortis chez Epitaph, à savoir Something Green and Leafy This Way Comes (1993), The One Voted Most Likely to Succeed (1995) et FYULABA (1996), sont les plus emblématiques et ont placé SNFU sur la carte des groupes punk qui comptent.
Pour finir, petite anecdote sur la photo ci-dessous. Je l’ai prise un peu au débotté dans une rue de Vancouver, sans vraiment faire gaffe au portrait représenté (que je trouvais joli). C’est en triant mes photos de vacances que ce visage m’a intrigué, et que je me suis rendu compte qu’il s’agissait de feu Chi Pig (comme le confirme l’inscription en bas à gauche du graff). Le hasard fait décidément bien les choses.

The Real McKenzies
Punk celtique, Vancouver (Colombie-Britannique)
Dans la famille « groupes de punk celtique à cornemuse », je voudrais les Real McKenzies. Emmenée depuis plus de trois décennies par son chanteur Paul McKenzie, la formation connaît des changements de line-up incessants avec des musiciens plus ou moins connus, venant de différents pays.
Port du kilt et reprises de chants et poèmes traditionnels écossais sont la marque de fabrique du combo de Vancouver, que l’on retrouve très (trop ?) souvent dans tous les festivals punk pour une ambiance festive garantie. Le point culminant étant toujours atteint pour Drink Some More, leur morceau signature dont je vous laisse imaginer le thème central.
Get the Shot
Métal hardcore, Québec
Un son bien fat. C’est ainsi que je qualifierais la musique de Get the Shot, formation pratiquant un hardcore ravageur et jouissant d’une réputation flatteuse, comme en témoigne la régularité de ses tournées.
Bien que je ne sois pas vraiment fan des deux derniers albums aux sonorités bien plus métalliques, No Peace in Hell sorti en 2014 est un modèle de hardcore groovy aux relents crossover thrash dans la plus pure tradition de la scène new-yorkaise. Tout ce que le style compte de gimmicks ô combien efficaces sont présents et donnent envie de se défouler.
À voir si le départ – l’éviction ? – de leur chanteur historique et charismatique va affecter les prestations scéniques qui ont fait leur notoriété.
D.O.A.
Punk/Punk hardcore, Vancouver (Colombie-Britannique)
Formation pas forcément très connue mais ô combien majeure dans l’histoire de la scène punk hardcore. C’est en effet leur second album Hardcore ’81 (sorti l’année en question) qui est à l’origine de la dénomination dudit style musical. Une version du punk encore plus primitive, plus radicale et plus politisée que D.O.A. (pour « Dead On Arrival« ) aura contribué à faire émerger.
Depuis sa création en 1978, le groupe de Vancouver aura vu défiler un paquet de musiciens en pratiquement un demi-siècle de carrière, avec comme seul membre permanent le guitariste et chanteur Joey Shithead. Les plus notables d’entre eux sont le bassiste Randy Rampage et le batteur Chuck Biscuits (passé aussi par Black Flag, Circle Jerks, Danzig ou encore Social Distortion, excusez du peu), tous deux également co-fondateurs de la bande.
Très engagés, D.O.A. et son leader ont participé à différents rassemblements écologistes ou politiques et ont pour devise « Talk Minus Action Equals Zero« . Ce dernier, appelé Joe Keithley dans le civil, a même fini par être élu au conseil municipal de Burnaby sous l’étiquette du Green Party. Effectivement, c’est ce qui s’appelle passer des paroles aux actes.
Propagandhi
Punk, Portage la Prairie/Winnipeg (Manitoba)
Déjà, Portage la Prairie est un nom de ville qui me fait rire bien plus que de raison. Ensuite, Propagandhi est un groupe véritablement culte, qui a su creuser son propre sillon et être populaire sans se compromettre.
C’est l’incarnation même du groupe engagé politiquement, et de longue date. Anticapitalisme (je les ai vu·e·s jouer en clôture d’un festival à la condition de retirer les banderoles publicitaires sur les côtés de la scène), antispécisme, antifascisme, féminisme et défense de la cause LGBT… Toutes les luttes progressistes sont défendues par la formation du Manitoba, qui en profite également pour reverser certains profits de sa musique à de nombreuses associations caritatives.
Je dois avouer que je n’aime pas du tout leurs derniers albums, qui proposent un punk élaboré lorgnant vers le heavy metal. Par contre, leurs deux premiers albums sont d’excellente facture. Le premier d’entre tous, How to Clean Everything, est sorti en 1993 sur le label Fat Wreck Chords de Fat Mike (NOFX). Celui-ci avouera volontiers qu’il l’a beaucoup influencé pour l’écriture de Punk in Drublic.
Avec son successeur Less Talk, More Rock (1996), on a là deux opus étalant un skate punk mêlé à d’autres genres selon les humeurs (ska, hardcore) et où l’on retrouve déjà la marque de fabrique de Propagandhi : des riffs ultra-rapides, techniques, avec des enchainements d’accords assez épatants.
Remarque, même Today’s Empires, Tomorrow’s Ashes (2001) est un super album, même si c’est à partir de ce moment qu’ils prennent une direction dans laquelle je ne me retrouve pas. Mais c’est assurément un groupe influent, qui compte énormément pour beaucoup de monde, dont l’éthique remarquable est saluée.
Future Girls
Pop punk, Halifax (Nouvelle-Écosse)
La Nouvelle-Écosse n’est clairement pas la province canadienne la plus connue par chez nous, mais c’est le moment d’en découvrir une spécialité locale. Quatuor originaire de la capitale provinciale Halifax, Future Girls joue un pop punk teinté d’emo et a sorti en 2022 un EP nommé Year Long Winter.
Son titre d’ouverture Ghost est tout bonnement génial, avec une mélodie particulièrement entêtante et des voix qui se renvoient la balle ou se superposent. Banger absolu.
DON’T TRY
Hardcore, Québec
Un peu moins énervés que Get the Shot, mais bien énervés quand même. Les membres de DON’T TRY – dont l’un d’eux sévi aussi dans le groupe susmentionné – viennent également de Québec et proposent un hardcore qui frappe directement dans les gencives. Chez eux, j’aime bien les parties de batterie ou de basse que je trouve particulièrement mises en avant, tout comme l’utilisation de deux guitares qui n’est pas superflue, contrairement à beaucoup de groupes.
Petite illustration avec ce morceau, où l’on retrouve aussi un autre nom cité tout en haut de cet article.
Belvedere
Skate punk, Calgary (Alberta)
Vous avez certainement entendu parler de Calgary pour ses JO d’hiver en 1988, ou plus probablement pour le film Rasta Rockett – qui y fait référence – pour les plus jeunes d’entre nous. Ici, il y est question d’un groupe originaire de la plus grande ville de la province d’Alberta, aux compos aussi rapides qu’une descente de bobsleigh et qui ne laisseront personne de glace (vous l’avez ?) : Belvedere.
Avec son guitariste/chanteur Steve Rawles comme leader et seul membre permanent, la formation pratique un skate punk comme on les aime, avec des riffs éclairs et cette touche de technicité caractéristique. Et puis surtout, la voix est particulièrement reconnaissable.
Formé en 1995, en pause durant quelques années au mitan des années 2000, Belvedere est depuis reparti de plus belle et a sorti son dernier album Hindsight Is the Sixth Sense en 2021. J’en aime tout particulièrement le morceau Elephant March et son riff d’intro assez barré.
À noter que Steve Rawles et l’ancien batteur Graham Churchill ont monté un side project nommé This is a Standoff, principalement actif durant l’hiatus de Belvedere entre 2007 et 2011. Un projet parallèle particulièrement similaire sur le plan musical, d’ailleurs.
No Warning
Hardcore, Toronto (Ontario)
Groupe reconnu de la scène hardcore nord-américaine, No Warning a eu en quelque sorte deux facettes. D’abord, un hardcore agressif, bien rentre-dedans, avec des riffs qui savent se montrer groovy quand il le faut. Avec, en point d’orgue, l’excellent Ill Blood de 2002.
Puis, sous la houlette de la compagnie de management et de production qui chapeaute Sum 41, le combo sort Suffer, Survive en 2004. Un album aux sonorités bien plus accessibles, avec des compos mélodiques et un chant qui sait se montrer subtil.
Après une séparation entre 2005 et 2013 (ce qui a permis à leur guitariste Jordan Posner d’intégrer Terror, où il sévit toujours), la formation est revenue en force avec l’album Torture Culture de 2017 sur lequel on retrouve un son bien plus massif proche de Madball ou Terror, justement. Depuis, très peu d’actualités si ce n’est une tournée de temps en temps.
Mute
Skate punk, Québec
Ça joue vite et bien, c’est propre techniquement, et en plus il y a un batteur au chant. Mute (qui porte bien mal son nom) fait dans la plus pure tradition du skate punk ébouriffant comme un Belvedere cité un peu plus haut. Autre groupe de francophones ayant choisi la langue de Shakespeare pour s’exprimer, ils ne comptent que 5 albums en quasiment 30 ans d’existence.
Les Québécois continuent néanmoins de tourner de temps à autre, et je me rappelle notamment d’une date à Marseille où il y avait un vrai échange avec le public, ne se contentant pas des banalités d’usage. Le chanteur/batteur s’amusait même à frapper sa charleston avec son pied parce que… pourquoi pas après tout ?
PUP
Indie Punk, Toronto (Ontario)
Avec un son que je trouve très indie/emo selon les périodes, PUP est un groupe pour lequel je n’ai jamais trop accroché bien que ça ne me soit pas désagréable. Sa présence ici est surtout due à un très grand souvenir de concert, lors de l’édition 2019 du Punk Rock Holiday.
Ambiance absolument surréaliste pour ma part, avec un public en feu tout au long du set, reprenant en chœur le répertoire de la formation quasiment jusqu’aux larmes. Du crowdsurfing à gogo, avec notamment ce photographe qui se sera fait plaisir plus d’une fois en hurlant systématiquement les paroles du morceau en cours. Tout ça se finira sur un If This Tour Doesn’t Kill You, I Will d’anthologie.
TW : body horror
Et pour la musique sans l’image, c’est par ici.
Mobina Galore
Punk, Winnipeg (Manitoba)
Duo punk féminin déjà présenté ici, Mobina Galore propose une musique somme toute basique, à base de power chords et de voix parfois plus éraillée que le son de la guitare. La production est souvent minimaliste, mais avec un peu plus de travail (de moyens ?) cela transforme un morceau en lui donnant davantage de la profondeur comme on peut le constater pour le dernier en date, Whiskey Water.
Groupe qui n’a pas trop donné de ses nouvelles depuis un bon moment maintenant et c’est bien dommage.
Punitive Damage
Hardcore, Vancouver (Colombie-Britannique)
Déjà eu l’occasion de parler des excellent·e·s Punitive Damage, groupe de hardcore récent mais ô combien prolifique. Morceaux courts mais intenses, chant rageur, textes engagés et sonorités dissonantes : des ingrédients parfaits pour réaliser un cocktail explosif.
C’est évidemment en live qu’on mesure encore davantage le potentiel de ce genre de formations, en espérant qu’elle envisage un petit tour en Europe un de ces quatre pour tenter d’en juger par moi-même.
Teacup Romance
Pop punk/post-hardcore, Edmonton (Alberta)
J’aime bien leur premier EP Steeped sorti en 2021. Leur dernier album Do I Know Me ? (2025) est également très cool. C’est doux, et ça a un fort côté emo je trouve. Et puis même le nom du groupe est cool au final, pourquoi se priver ?
Steppenwolf
Rock garage/hard rock, Los Angeles (USA)/Toronto (Ontario)
Certes, c’est un groupe canado-états-unien, mais ça compte quand même. Pas grand chose à dire sur la formation en elle-même, d’autant que je ne connais qu’un seul morceau, et non des moindres. Sorti en 1968 et utilisé notamment dans le célèbre film Easy Rider, Born to be wild avec son riff légendaire reconnaissable dès la première note est une ode aux grosses bécanes qui font vroom vroom.
Pas besoin de s’éterniser davantage, on monte le son, on enfile son cuir et ses lunettes de soleil et on s’imagine en train de descendre la route 66 dans le désert californien.
The Guess Who
Bleus rock/hard rock, Winnipeg (Manitoba)
Là aussi, pas grand chose à dire sur ce groupe de la fin des années 60-début des années 70, dont encore une fois je ne connais qu’un seul morceau. Mais il est bigrement bon, avec des solos de guitare stridents et psychédéliques à souhait, un son de guitare et un chant bien caractéristiques de l’époque.
La reprise de Lenny Kravitz parait quand même bien fade à côté.
The Kingpins
Ska, Montréal (Québec)
Trois albums entre 1996 et 2000 pour la formation montréalaise, dont le dernier Plan of Action contient une reprise particulièrement réussie de L’Aventurier d’Indochine. Des cuivres utilisés avec parcimonie, un chant féminin presque doux, un tempo qui invite encore plus à danser que le morceau original : la recette fonctionne assurément.
Sinon, je me souviens avoir écouté fut un temps l’album entier et je n’avais pas accroché plus que ça. Qu’importe, ce tube bien français revisité à la sauce ska est tout à fait remarquable.
Snow
Reggae/rap, Toronto (Ontario)
Allez, juste pour la déconne (encore que). Vous vous souvenez de ce tube du début des années 90 ? Eh bien moi oui. J’ai mis des années à découvrir le nom du morceau ainsi que son interprète. Et, grâce au clip, j’ai découvert qu’il s’agissait d’un grand roux à lunettes alors que je m’attendais à tout autre chose.
Admirez cette dégaine so 90’s, et essayez vous aussi de décrypter (et reproduire) ce qu’il baragouine sur le refrain.
Voilà donc mon premier article qui parle de mes goûts et souvenirs musicaux en fonction d’un territoire, exercice que je trouve intéressant et qui pourrait être renouvelé dans un futur plus ou moins proche.
Autres groupes canadiens déjà évoqués/dont j’apprécie la musique :
- The Mendozaz (pop punk, Toronto)
- Pluto’s Kiss (hardcore, Toronto)
- Birch Beer (hardcore, Saint-Jean de Terre-Neuve – Terre-Neuve-et-Labrador)
- Direct Order (hardcore, Edmonton/Calgary/Winnipeg)
- The Flatliners (punk, Richmond Hill – Ontario)
- Danko Jones (hard rock, Toronto)
- Try to Win (hardcore, Marseille/Montréal)
- Mortality Rate (hardcore, Calgary)
- All But Six (skate punk, London – Ontario)
- Get Over It (skate punk, Québec)
- Territories (punk, Calgary)
- Deadbolt (hardcore, Montréal)
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