Mes albums préférés de 2022

Mes albums préférés de 2022

Mon top albums pour 2022

Si vous me lisez régulièrement, j’avais émis l’hypothèse, qui s’est transformée en vœu pieux, de sortir mon prochain top albums dans un délai raisonnable. J’en parlais à la fin du classement 2020, en mentionnant celui pour… 2021. Comme vous pouvez le constater, je suis directement passé à 2022, parce qu’il s’agirait quand même de ne manquer de respect à personne.

Je vais sortir la boîte à excuses, mais un tel classement prend du temps : réécouter les albums que l’on a mis de côté, trier ce qui doit être gardé, rédiger un avis sur chacun, trouver un clip d’illustration ou autre, etc. Bref ça n’intéresse personne et, comme le disait un philosophe des temps modernes, « qui se justifie s’accuse« . Je vais donc envoyer la musique.

Il s’agit ainsi d’un classement riche en destinations diverses et variées, qui va vous faire gagner des Miles (mais qui aura un bilan carbone absolument effroyable).

Vita Mors, The Venomous Pinks

All-female band venant de l’Arizona, The Venomous Pinks a sorti en cette année 2022 son premier LP nommé Vita Mors. Et tout ce que je peux dire, c’est qu’il s’agit d’une véritable réussite.

Si comparer le son de ce groupe à celui des Distillers est facile et tentant, ça n’en reste pas moins pertinent. En gros c’est un son très américain, majoritairement dans une veine hardcore mélodique, qui peut aller du pop punk facile d’accès à des sonorités davantage street punk.

S’il n’y a rien à jeter de cet opus, il est quand même difficile de résister au charme de Broken Hearts Club, sublime morceau qui a beaucoup tourné chez moi et dont je vantais les mérites dans un précédent article.

Fever Dream, Grumpster

J’ai déjà pas mal parlé des Californiens de Grumpster ici même, lors d’un classement Spotify Wrapped antérieur ou pour le 8 mars. Leur précédente sortie Underwhelmed m’avait vraiment plu, et c’est donc tout naturellement que j’ai également accroché à ce Fever Dream.

On y retrouve une recette qui marche, à savoir une enfilade de morceaux pop punk dont les tubes en puissance que sont Crash, Looking Good ou encore le morceau éponyme Fever Dream. Quelques petits passages acoustiques viennent ponctuer un disque ma foi d’un fort bel acabit où les mélodies catchy s’empilent, tout comme les riffs particulièrement efficaces.

Fréquence Violence, Pogo Car Crash Control

Les Français (et francophones) du lot. Débarquant de Seine-et-Marne avec un style que je ne saurais trop décrire (entre le métal, le punk, le hardcore et le grunge ?), ces jeunes gens en sont déjà à leur 3e album avec le dénommé Fréquence Violence.

La marque de fabrique de Pogo Car Crash Control – ou P3C pour les intimes – est incontestablement ce gros son de guitare, qui sert de la plus belle des façons des riffs ô combien ravageurs. Bien que fidèle à ce qui a fait leur renommée (car je pense qu’ils commencent à « peser » dans la scène rock française), ce nouvel opus se démarque quand même de ses prédécesseurs en faisant quelque peu évoluer leurs sonorités.

En effet pour tous les morceaux ou presque, on y entend souvent du chant clair, accompagné d’accords en arpège et sans disto sur les couplets, voire de riffs un peu plus « aériens » sur les refrains. Être moins direct sur tout un morceau pourquoi pas, mais disons que les passages « calmes » finissent par être trop prévisibles et par relâcher un peu trop la tension qui se dégage de leur musique.

Malgré ce constat, c’est encore un joli disque qu’ils nous ont concocté, et le morceau final Criminel Potentiel est une véritable tuerie (jeu de mots accidentel, mais jeu de mots quand même) et peut-être ma chanson préférée du groupe.

Baby, Petrol Girls

C’est le troisième article d’affilée où j’évoque le groupe austro-britannique Petrol Girls. Après avoir assisté à leur prestation remarquée lors du dernier Punk Rock Holiday, et après avoir beaucoup écouté le titre phare Baby, I Had an Abortion à tel point qu’il a fini dans mon dernier top Spotify, c’est tout naturellement que je vais maintenant parler de Baby, leur dernier opus en date.

Ce ne sont pas moins de 11 brûlots à ne pas mettre entre toutes les oreilles, oppressants à souhait, où le chant alterne entre des refrains hargneux et des couplets façon spoken word. Le tout, saupoudré de riffs dissonants et déstructurés, dans la plus pure tradition du post-hardcore.

Car pour Petrol Girls, les paroles sont peut-être plus importantes encore que la musique. Le groupe et plus particulièrement sa chanteuse Ren Aldridge n’ont eu de cesse de démontrer un engagement total sur les questions sociétales, notamment pour tout ce qui touche aux questions féministes.

Droit à l’avortement et droit des femmes à disposer de leur corps, violences sexistes et sexuelles, féminicides sont quelques unes des thématiques fortes de l’album, où l’on trouve des morceaux en collaboration avec la militante féministe Janey Starling.

Vous l’aurez deviné, les chansons de ce disque sont à lire et à écouter.

Anti-Colonial Vol. 2, La Armada

C’est un titre d’album quelque peu explicite. Après un Anti-Colonial Vol.1 sorti en 2018 et que j’avais déjà apprécié, Voilà que La Armada revient en 2022 avec une suite tout naturellement appelée Anti-Colonial Vol. 2.

Groupe originaire de République Dominicaine, implanté depuis de nombreuses années à Chicago et comptant dorénavant des membres appartenant à d’autres communautés caribéennes, il donne dans un hardcore aux influences caractéristiques. En effet, leur background afro-caribéen apporte à leur musique des rythmes qui se marient très bien avec les guitares saturées. Je ne suis pas spécialiste des signatures rythmiques, des contretemps et autres termes de puristes, mais je dirais qu’il y a quelque chose qui sort un peu de l’ordinaire (ou en tout cas de notre ordinaire), et que le jeu de batterie fou sublime tout ceci.

Sans surprise, la thématique principale de l’album est le néo-colonialisme et les différents ravages qu’il peut provoquer. Les morceaux sont une véritable succession de mandales revigorantes, où les textes en anglais et en espagnol s’enchainent et s’entremêlent.

Ayant eu la chance de les voir en live, je trouve leurs chansons encore plus percutantes et leur rythmique encore plus impressionnante sur scène. Un combo qui ne laisse rien au hasard.

Tapestry, Boudicca

Continuons de voyager et partons maintenant à l’opposé géographique. Nous y retrouvons Boudicca, groupe originaire de Newcastle en Australie, fort de son premier album Tapestry. On est toujours dans le registre du hardcore, mais on a là encore une originalité particulière et une thématique forte.

Le nom du groupe, provenant d’une reine Celte ayant mené une rébellion contre l’envahisseur Romain, annonce la couleur. Pour faire simple, je vais mettre une traduction plus ou moins approximative de la bio utilisée par la formation sur différentes plateformes :

Boudicca est un groupe de punk hardcore aux influences métal basé en territoires Awabakal et Worimi, en Australie. Les thématiques des paroles de Boudicca évoquent les représentations des femmes dans le folklore, la mythologie, l’histoire ancienne et l’histoire moderne à travers un prisme insolent mais résolument politique qui rassemble le passé, le présent et le futur.

Boudicca

C’est une thématique originale, et elle fait beaucoup dans l’affection particulière que j’ai pour ce groupe qui sort du lot. Musicalement, ça me rappelle à bien des égards un groupe comme Capra, à savoir un hardcore lorgnant sur le métal et au chant féminin semblant parfois possédé. De-ci de-là, on y trouve quelques ambiances et quelques instruments raccord au thème du morceau, ainsi qu’un clin d’œil bienvenu à la culture et à l’histoire des peuples Aborigènes d’Australie.

Rien que pour attiser sa curiosité et se cultiver, ce disque mérite qu’on y prête un peu attention.

Letters to Nowhere, Have No Heroes

Direction la Lettonie et sa capitale Riga où l’on retrouve Have No Heroes et son album Letters to Nowhere. Donnant dans un skate punk qui rappellera furieusement celui de quelques glorieux voisins Suédois (je pense notamment à No Fun At All), les Lettons jouent vite et jouent bien. C’est mélodique, ça n’oublie pas ses fondamentaux, et ça plaira évidemment aux fans du genre.

Pour la petite touche d’originalité, notons le dernier morceau de l’album, Žanra B​ē​res, chanté dans leur langue natale. Don’t forget your roots.

Full HD, Crisix

Si vous êtes adeptes du thrash metal comme celui que l’on retrouve du côté de la baie de San Francisco, vous en aurez pour votre argent. Les Catalans de Crisix ont une réputation plutôt flatteuse, et leur dernier album en date ne déroge pas à la règle.

Full HD embarque tous les éléments qui ont forgé leur identité : des riffs tranchants, des mosh parts efficaces, le tout saupoudré de références humoristiques ou à la culture populaire.

Dur de résister à Macarena Mosh ou à W.N.M. United, resucée d’un morceau sorti précédemment mais contenant cette fois-ci une bonne dizaine de feat. de tout ce que la scène thrash actuelle compte de pointures. De quoi secouer frénétiquement sa tête en criant « mosh ! » dès que l’occasion se présente, car tel est le mot d’ordre.

Torches of Freedom, Burning Heads

35 ans et toujours vivants. Après avoir célébré plus de trois décennies de hauts et de bas, de tournées interminables et d’albums incontournables ou sortant des sentiers battus, les Burning Heads sont arrivés à un tournant de leur existence.

Exit Pierre, l’historique frontman du combo d’Orléans, remplacé derrière le micro par Fra et à la guitare par Phil, membre fondateur de retour pour l’occasion. Après un excellentissime EP Fear is a Liar sorti en 2021, l’année 2022 marque la sortie de leur seizième (!) album studio, le dénommé Torches of Freedom.

Après avoir démarré sur les chapeaux de roues avec les excellents Pharmageddon et Endless Loops (in my head), je trouve que l’effet waouh des premières pistes finit par s’estomper quelque peu. Évidemment, si j’en parle, c’est que cette galette est malgré tout de bonne facture. Ce n’est pas Escape, mais il me laisse une bien meilleure impression que les derniers albums que j’ai eu l’occasion d’écouter. Il balaie une fois de plus l’intégralité de leurs influences (les échappées reggae/dub mises à part), donnant des morceaux souvent bien distincts les uns des autres.

Je finirai en évoquant la voix du nouveau chanteur qui est une copie conforme de celle de l’ancien, à tel point que c’en est très troublant. Mais au moins, on n’est pas dépaysé.

Bloom, Masochist

Retournons en Australie avec un nouveau groupe hardcore au chant féminin, les dénommé.e.s Masochist. Féministe, « socially conscious » et reconnaissante envers les populations aborigènes : c’est une formation engagée que nous avons là.

Musicalement, c’est plutôt basique mais ô combien efficace. Bloom est une galette à mettre entre les mains de tout fan de punk hardcore, d’autant plus que la pochette est particulièrement réussie.

This is the Blackout, Punitive Damage

Originaire de la région de Vancouver, Punitive Damage est un groupe… de hardcore, à chant… féminin. À croire que j’ai un certain tropisme pour ce type de formations.

13 morceaux et un peu moins de 18 minutes : c’est un bon indicateur de ce à quoi on peut s’attendre à l’écoute de This is the Blackout. Nous sommes sur un hardcore très primitif, flirtant avec le powerviolence, et incluant parfois quelques petites subtilités rock’n’rollesques pour apporter un peu d’originalité.

Le chant est braillard comme pas possible, jonglant entre l’anglais et l’espagnol, et les morceaux s’empilent alternant entre des ambiances pesantes et d’autres plus légères. Pour un premier LP, c’est une belle entrée en matière.

Bad Chemistry, No Matter

Si vous aimez le pop punk, vous allez être servis. Originaire de Belfast, No Matter fait dans le riff basique mais a surtout un sens aiguisé de la mélodie. Bad Chemistry est ainsi un album de bien belle facture, qui fait penser à Teenage Bottlerocket dans l’esprit et dans l’exécution.

Et puis il y a surtout ce morceau, In Spite of You, que j’apprécie beaucoup et qui me reste dans la tête des journées entières. Il est absolument imparable.

On y trouve d’autres chansons particulièrement accrocheuses, et l’alternance entre chant masculin et chant féminin apporte un peu de variété au tout.

Patience in Presence, Celebration Summer

Un style de punk que l’on a tendance à ne plus trop entendre ces temps-ci. Formé en 2019 dans la banlieue de Washington, Celebration Summer aime les mélodies. Lorgnant sur Hot Water Music, Hüsker Dü (dont Celebrated Summer est le titre d’une de leurs chansons, tiens tiens) ou même Dag Nasty, la formation fait dans les guitares qui se complètent, la basse qui se distingue et le chant puissant.

Patience in Presence a ainsi tous les ingrédients nécessaires pour être un bon album et par conséquent rejoindre cette liste.

Violence of the Divine, Weight

Revenons en Europe, avec Weight d’Oslo en Norvège. Qui dit nom avec un seul mot basique en anglais dit forcément (ou presque) groupe de hardcore. Autant au niveau des sonorités que de la prod’, il y a dans ce Violence of the Divine une grosse vibe fin des années 80 façon Leeway, Join the Army de Suicidal Tendencies ou Cause for Alarm d’Agnostic Front.

Pour rester dans les références, il est à noter que la section rythmique du morceau Fear of Chaos est en différents endroits calquée sur la chanson Freedom de Rage Against the Machine. À part ça, on y trouve une succession de riffs rapides et ravageurs et quelques bons moments de groove. Malheureusement pour lui, cet opus est peut-être arrivé 30 ou 35 ans trop tard pour obtenir plus d’écho.

Anti Human Machine Gun, Spoiled

Terminons sur du brutal, du genre qui défoule, avec les Romain.e.s de Spoiled. Anti Human Machine Gun compte 14 titres pour un total de 11 minutes et 45 secondes. Oui, vous avez bien lu.

Un tempo complètement démentiel, une chanteuse à la voix écorchée, et quelques breaks particulièrement bien sentis pour marquer un temps de respiration, si l’on peut dire. Iron Reagan, Insanity Alert ou le D.R.I. des premières années vous disent quelque chose ? Spoiled est dans cette veine de groupes crossover thrash dont on peine à cerner les limites, à tous les niveaux.

C’en est donc fini de cette liste de mes albums préférés de 2022. On se retrouve l’année prochaine, si tout se goupille bien. Et si vraiment je suis sur ma lancée, il y aura peut-être 2021 un jour ou l’autre. Ou pas.

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